FOURRER

FOURRER
. v. a.
Introduire, faire entrer, placer en quelque endroit, mettre parmi d'autres choses. Fourrer les bras dans le lit. Fourrer la main dans sa poche. Fourrer son bras dans un trou. Cette étoffe, cette tapisserie est toute perdue, il y a des trous à y fourrer la main. Elle lui fourre de gros morceaux dans la bouche. Il lui a fourré son épée dans le ventre. Il s'est fourré une écharde, une épine dans le doigt. Fourrez cela dans votre cassette. Fourrez vite cela dans votre poche. Il aura fourré cela dans un coin. Fourrez ce livre avec les autres. On l'emploie souvent avec le pronom personnel. Où s'est-il donc fourré ? Se fourrer sous un lit. Le lièvre s'était fourré dans un trou.

Fig. et pop., Fourrer tout dans son ventre, Dépenser, dissiper tout ce qu'on a, pour satisfaire sa gourmandise.

Fig. et fam., Fourrer son nez où l'on n'a que faire, Se mêler indiscrètement de quelque chose. On dit dans un sens analogue, Fourrer son nez partout.

Fig. et fam., Chercher quelque trou à se fourrer, se dit De celui qui cherche quelque emploi, quelque condition, et qui a peine à en trouver.

Fig. et fam., Ne savoir où se fourrer, Ne savoir où se cacher, ne savoir comment se dérober à la confusion qu'on éprouve. Il est si honteux de ce qu'il vient de dire, qu'il ne sait où se fourrer.

Fig. et fam., Fourrer quelque chose dans l'esprit, dans la tête de quelqu'un, Parvenir à lui faire comprendre quelque chose. Il est si stupide, si hébété, qu'on ne saurait lui rien fourrer dans la tête, dans l'esprit. On eut bien de la peine à lui fourrer dans la tête qu'il fallait .... Cela signifie aussi, Faire croire une chose à quelqu'un, la lui persuader, la lui mettre dans la tête. Qui a pu lui fourrer cette sotte idée dans l'esprit ? Vous vous fourrez dans la tête mille chimères, mille choses qui ne sont pas. On dit de même, avec le pronom personnel, qu' Une idée, une erreur, etc., s'est fourrée dans l'esprit, dans la tête de quelqu'un.

FOURRER, signifie, par extension, Donner avec excès et sans réflexion. Elle gâte cet enfant, elle lui fourre toujours à manger. Cette mère fourre toujours en cachette de l'argent à son fils.

FOURRER, signifie aussi figurément, Insérer hors de propos. Fourrer quelque chose dans son discours. Il a fait un livre où il a fourré tout ce qu'il savait. Il fourre toujours du latin dans ses plaidoyers, des proverbes dans la conversation.   Il signifie encore figurément, Introduire quelqu'un dans une maison, dans une société, etc. ; ou Le faire entrer, l'engager dans une affaire. On le prend ordinairement en mauvaise part. Je ne sais qui l'a fourré dans cette maison, dans cette affaire.   Il s'emploie, dans ce dernier sens, avec le pronom personnel. Il se fourre partout. Il se fourre à la cour. Il se fourre dans toutes les compagnies. Il est allé se fourrer dans une société de gens qui le tromperont. Je ne sais comment il s'est fourré dans cette affaire. Il a commencé à se fourrer dans les affaires de finance. Il s'est fourré dans cette querelle, dans cette affaire jusqu'au cou, jusqu'aux oreilles. Il s'y est fourré bien avant. Pourquoi s'y fourrait-il ? Où me suis-je fourré ? Se fourrer dans l'embarras.   Dans toutes les acceptions qui précèdent, ce verbe est familier.

FOURRER, signifie en outre, Garnir, doubler de peau avec le poil. Fourrer une robe de martre. Fourrer d'hermine. Fourrer de petit-gris.   Il signifie aussi, avec le pronom personnel, Se vêtir chaudement. Il s'est bien fourré. Il faut se bien fourrer en hiver.

FOURRÉ, ÉE. participe, Habit fourré. Gants fourrés. Redingote fourrée. Fourré d'hermine, de petit-gris.   Langues fourrées, Langues de boeuf, de cochon, de mouton, recouvertes d'une autre peau que la leur, et avec laquelle on les fait cuire. Acheter une langue fourrée.   Médaille, pièce de monnaie fourrée, Médaille, pièce de monnaie dont le dessus est d'or ou d'argent, et le dedans d'un métal inférieur. Cette pièce d'or, d'argent est fourrée. On dit maintenant, Médaille plaquée.   Botte de paille, botte de foin fourrée, Botte dans laquelle, parmi de bonne paille ou de bon foin, on a mêlé de la paille ou du foin de moindre qualité.  En termes d'Escrime, Coup fourré, se dit Quand chacun des deux adversaires donne un coup et en reçoit un en même temps. On le dit, figurément et familièrement, Des mauvais offices que deux personnes se rendent mutuellement et en même temps. Ils ont fait un coup fourré.

Fig. et fam., Porter un coup fourré, Rendre en secret un mauvais office à quelqu'un.

Fig. et fam., Paix fourrée, Fausse paix, faite de mauvaise foi par les deux parties, chacune ayant intention de la rompre, lorsqu'elle le croira utile à ses intérêts.  Pays fourré, Pays rempli de bois, de haies, etc. L'armée se trouvait dans un pays fourré.   Bois fourré, Bois qui est fort garni de broussailles et d'épines. Voyez FOURRÉ, substantif.

Prov. et fig., Un innocent fourré de malice, se dit d'Un homme qui est malicieux, et qui feint d'être simple et bon.

L'Academie francaise. 1835.

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